Engagement sinon quoi ? Jour 5 à 9 à bord du Columbus. Sea Shepherd « Stop the grind 2014 ».

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Engagement pour les océans

Engagement pour les océansEngagement pour les océans, qui se meurent, infectés par un virus qui détruit tout sur son passage. A bord du navire ambassadeur de Sea Shepherd, le Columbus, j’ai tenu un journal de bord pendant une partie de la campagne Stop the Grind 2014 sur les îles Féroé (Nord Europe). A travers lui, j’espère pouvoir vous faire découvrir l’engagement des volontaires Sea Shepherd venus des 4 coins du monde pour la sauvegarde des baleines pilotes sur les îles Féroé. Avec l’équipage, je tenterai de vous faire partager les actions terrain réalisées, les succès accomplis, les rencontres et les échanges avec les féringiens, les instants uniques et flottants d’une aventure humaine des temps modernes au service des océans et de ses habitants.

Enfin, comme une vague claquant le navire, j’essayerai de vous prouver, par l’exemple, que l’action responsable organisée, l’engagement, aussi petit soit-il, permet de changer les choses, que la simple multiplication des petites actions volontaires actionnent le changement. Nous sommes tous, avec de la volonté, des tsunamis en puissance. Nous pouvons tous écrire la pièce et devenir acteur d’un monde où les lois internationales en mer seront enfin respectées et où les hommes trouveront leur juste place dans leur environnement. Les lois internationales existent, et Sea Shepherd intervient toujours dans le respect de ces dernières,  mais malheureusement les moyens sont absents pour les faire appliquer sur le terrain. Nos mers sont tous les jours le terrain de jeu de légions barbares destructrices de nos écosystèmes. Il fallait bien que quelqu’un s’y colle. Je ne voudrai pas que l’on me poursuive en justice pour non assistance à espèce en danger ! Il faut bien enrayer l’hémorragie et l’association Sea Shepherd (comme d’autres dailleurs), forte de ses engagements multiples pour la sauvegarde des océans, devrait être reconnue d’utilité publique internationale et financée en conséquence bien sur. En attendant ce miracle du bon sens (la Terre a perdu la moitié de ses populations d’espèces sauvages en 40 ans!! Allo Nabila, souviens toi de tes cours de mathématiques en CM2) et de probité; les volontaires Sea Shepherd de la société civile, passionnés et déterminés, essayent de faire le job !, souvent comme ils le peuvent (vous pouvez  soutenir Sea Shepherd dans ses actions ici. Déductible et tout l’argent récolté auprès du public sert à financer les campagnes d’actions sur le terrain).

 

Voici donc la 6ème page de mon journal de bord, celui d’un « vomitérien » parti sur le navire ambassadeur de Sea Shepherd, le Columbus, un navire chasseur de pirates sur les îles Féroé. Plus le temps de s’indigner en mettant des youpi, lol, c’est pas bien, ptg, …, il faut agir. Place à l’engagement. Pour les océans et ses habitants (en tout cas ce qu’il en reste. Pour rappel c’est un carnage). Et c’est bien là le principal !

Journal de bord – Jour 5 à 9 – du 09 au 13 juin 2014 –  Objectif Torshavn – (62°01’N / 6°46’W)

 

 

Lundi 09 juin 2014 : Adieu l’île de Man, la route continue en direction des îles Féroé.

 

Engagement pour les océansLa capitale de l’île de Man, Douglas, se lève sous une pluie anglaise bien reconnaissable. Le port est assommé par les rafales battantes, empêchant n’importe quel intrépide de rentrer chez lui au sec. L’île de Man semble engourdie, endormie, ensevelie sous la pluie alors que quelques heures auparavant des milliers de motards moulés de cuir faisaient sursauter et pétarader ce petit rocher perdu entre la Grande Bretagne et l’Irlande. Les nuages finissent dans un ballet flottant par rejoindre la mer. Le ciel n’est plus. Mornes plaines sur la capitale Douglas et le navire chasseur de pirates. L’heure est cependant au départ sur le Columbus. Les membres d’équipage tel des abeilles butineuses sortant sur le tremplin du départ, se remettent en marche et ne ménagent pas leur engagement. Jérôme astique et dorlote le navire, le capitaine Richard et Jean Yves consultent les dernières cartes météos, le second Jean s’affaire à d’ultimes réglages et réparations diverses. Le Colombus est prêt à reprendre la mer pour rejoindre l’objectif de son voyage : les îles Féroé, archipel viking où se déroule chaque année le pus important massacre de mammifères marins en  Europe. Les amarres sont larguées, le brouillard soudainement envolé, les moteurs à leur tour allumés. Lentement, nous quittons le port l’Ile de Man, laissant la place à un super tanker. Je vous jure qu’ un éléphant peut se garer dans une piscine en étant gracieux comme un canard !
Cap au Nord, génois hissés par Jérôme (il est fou de génois) et la grand voile par Jean. Bientôt nous foulerons les fameuses mers d’Ecosse, ultimes passages avant notre arrivée sur les terres des grinds barbares. L’accueil sera surement moins chaleureux là bas, mais pour tout vous dire on s’en fout royalement. Droit devant. Jean scrute l’horizon, et le fanon, lui, aimerait bien s’envoler …

 

Mardi 10 juin : En pleine mer d’Ecosse.

 

Engagement pour les océansDepuis ce matin, l’AIS, système de reconnaissance des navires en mer, est en panne. Richard et Jean s’échinent à trouver la panne pendant que je m’essaye à la cuisine. Olé. Opération « Sea bread ». Ma première fois en mer. Mon premier pain de la campagne ! Le résultat fût très honorable selon l’équipage (ils sont polis ahana). Tout est bon quand on a faim. Enhardis par ce succès nautique, nous improvisons un moelleux au chocolat vegan de fortune pour l’anniversaire de Jérôme (40 ans, le monsieur, et à bord du Columbus en plus !, ça montre la motivation quand meme ! Chapeau bas). Résulat plus qu’honorable mais iconoclaste ! Tel Han Solo pris sur le vif dans de la carbonite, le gâteau au chocolat, sorti du four, semble pétrifié par le roulis. Un bon gite de 25 degré !!! Nous apprenons un peu plus tard, qu’Antoine Riguidel et Florence Artaud vont venir sur les îles Féroé. Nous sommes dans la timonerie, avec les lueurs d’un jour qui ne veut pas mourir. Les vents poussent le navire à 7 noeuds. Soudain, surgis des abysses, des dauphins communs apparaissent et se jettent sur les vagues de la proue. Accompagnant le soleil dans ses dernières lueurs, ils scintillent entre ciel et mer. Ils calent leur vitesse sur celle du navire, comme pour nous accompagner en nageant à l’unisson. En transparence dans une eau devenue jade, le temps s’arrête et nous offre un spectacle majestueux. Et dire que chaque année des dizaines de milliers de dauphins (animaux qui réussissent le test du miroir), sont chassés et massacrés par d’infâmes crâpules nippones. Rien que d’y penser, j’ai envie de vomir (et ce n’est pas le mal de mer).

 

Mercredi 11 juin 2014 : Direction Stornoway (Nord Ecosse), ultime escale avant les îles Féroé

 

 

Nuages de plombs sur les côtes escarpées d’Ecosse. Nous transperçons, tel un glaive, un brouillard tenace. Le vent nous jette au visage les souvenirs et le goût de légendes oubliées. 7 noeuds de moyenne. Le navire progresse avec une légère brise aux fesses, slalomant à travers les dépressions grâce à la navigation précise et aiguisée comme une lame de capt’ain Richard Coeur de Lion.
Le soleil, à l’horizon, soudain, apparait. Aidé par le vent, il nous laisse découvrir des côtes escarpées, magiques, intemporelles. Elles semblent danser avec le roulis et le soleil pour nous attirer vers elles. On s’éloigne, on se rapproche, elles racontent des histoires de marins, de navires pris par la tempête et de moutons !
Les cris de nos estomacs réclamant, nous abandonnons nos rêves escarpés. Il n’y a malheureusement déjà plus de pain à bord, aliment essentiel à la survie.
Je m’attèle à la tâche, en petite abeille ouvrière, et lance une nouvelle fournée. Action. Le regard loin, vers les côtes qui se laissent découvrir, comme une femme qui lance ses pièges, je plonge mes mains dans le pétrin. Bientôt une odeur de pain chaud traverse le pont et une partie de l’océan. Le four livre enfin sa madeleine de Proust à l’équipage. Les sourires sur les visages se perdent entre les bouchées. C’est ma tournée !
Après ce frugal en-cas, Richard, en marin accompli aux règles de courtoisies maritimes, se lance dans la construction d’un pavillon de courtoisie en prévision du débarquement sur les îles féringiennes. La route se précise et nous livre un goût de « j’arrive bientôt ». Nous approchons de notre ultime escale avant de mettre le cap sur les îles Féroé. La civilisation réapparait soudain sur les rives, comme sortie des rochers. Le navire rentre dans le port de Stornoway en Ecosse pour une ultime escale. Le soleil nous guide dans un port magique. Le Columbus se pose au pied d’un château d’un autre âge aux tours droites et massives. Les phoques dansent autour du navire et accompagnent en plongeons notre arrivée. Ils attendent sûrement les bateaux de pêcheurs.
Demain cap nord ouest.

 

Jeudi 12 juin : Adieu Stornoway, dernière ligne droite avant les îles Féroé

 

Nous refaisons le plein d’eau potable et de gasoil et nous repartons. Le Columbus se remet en route. Nous avons hâte d’arriver sur les îles Féroé et de nous positionner sur les baies des grinds. Le navire a slalommé toute la nuit entre les bateaux de pêche écossais. Heureusement l’AIS fonctionne de nouveau et nous permet de naviguer en sécurité. Richard et Jean se sont relayés à la barre toute la nuit. Depuis ce matin, la marine écossaise est à nos trousses, de loin. Peut être pensent-ils que nous venons pour eux. Nous aurions pu en effet intervenir en soutien de la campagne de Sea Shepherd en Ecosse mais on ne peut malheureusement pas tout faire. Pour protéger leur pêche industrielle, certaines entreprises de pêche écossaises tuent chaque année des milliers de phoques. Il faudrait y aller aussi. Action. Vite, pour qu’enfin certains acteurs du marché arrêtent de se croire tout permis …, tout ça pour le fric …

 

Dehors, le ciel est transpercé et il fait froid. J’ai mis plusieurs couches, pour ne pas me transformer en poteau congelé. Malgré cela, le vent piquant s’infiltre sournoisement. J’aurai du amener des gants. Par contre comment taper à l’ordi avec des moufles ?
Nous avons hâte de montrer aux féringiens que les Sea Shepherd sont de retour. Dehors les nuages tombent et se mélangent à la pénombre naissante. Le navire sombre dans la torpeur. Plus rien, sauf le brouillard. Demain nous arriverons. Je me glisse avec le sourire, tel un suricate, dans la soute gazoilée. Demain. Enfin.

 

Vendredi 13 Juin : we are back. Sea Shepherd is in the place …

 

Engagement pour les océansEncore un jour de navigation pour atteindre les îles Féroé. L’équipage astique le navire en prévision de son arrivée sur les terres barbares des grinds. Chacun repense à la mission de 2011, à la flotte Sea Shepherd de l’époque … Aujourd’hui, les choses sont différentes. Les navires et le matériel de l’hémisphère sud n’ont pu rejoindre la campagne. Il faudra faire avec les moyens du bord : le Columbus et les vedettes rapides fabriquées à Roscoff. Mais pour l’instant nous serons seuls. Peu importe. On y va. Action. Montrons aux féringiens que Sea Shepherd est dans la place.

 

La nuit, nous captons les émissions de radios féringiennes. Nous ne comprenons strictement rien, mais nous parvenons à déchiffrer malgré tout des mots familiers  » PAUL WATSON », « SEA SHEPHERD » et quelques « FUCK ». Les esprits semblent s’embraser sur les ondes hertziennes. Serions nous attendus ?

Je m’allonge dans ma couchette en mode congelé. Engagement, engagement, engagement, engagement, engagement, engagement. Ces mots là raisonnent dans ma tête, tels les frappes d’un marteau piqueur. Avant qu’il ne soit trop tard.

 Je m’endors avec une musique en tête … (cliquer pour écouter).

 

Les propos sur ce billet n’engagent que le vomitérien que je suis, et le bénévole que j’ai été sur cette mission sur les îles Féroé. Je ne suis qu’un témoin. Je n’engage que ma responsabilité et aucunement celle de Sea Shepherd.

Merci à Antoine Beyssens pour les photos du Columbus et son engagement renouvelé.

Retrouvez les détails de cette aventure, façon journal de bord, dans les prochains articles du blog et sur notre page Facebook.Vous avez aimé : Engagement pour les océans. Jour 5 à 9. Stop the grind . Alors abonnez vous au blog de Ayrine pour découvrir les prochains articles…

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